Polémique autour d’un reportage sur la Photographie, France 2, 20 H, 2 Mars 2015.

Le filon juteux de la photographie amateur

L’avancée technologique dans le monde de la téléphonie portable a créée une gadgetisation de ces objets à travers le développement de millions d’applications aux vocations purement futiles et d’autres se démarquants par leur ingéniosité indispensable. Elle a également amenée une accessibilité à la photographie pour tous et il était évident que des créateurs d’applications comme Instagram et autres en profiteraient pour exister et propérer au point d’en devenir lucratives.
D’un coté, ça permet à des gens sans moyens ou initiations de faire des photos pour s’amuser, créer du souvenir. Mais d’un autre, ça peut décrédibiliser, en théorie, le travail de ceux qui ont achetés du matériel et qui se cassent la tête et le corps à le pratiquer. Ca va avec l’air du temps. Ces deux pratiques de la photographie sont diffèrentes dans l’approche, le matériel et la complexité mais également légitimes dans le sens ou tant que la personne s’acharne à s’impliquer dans la création, à y donner de la réflexion et du sens, c’est bon à prendre et c’est au public à se faire son opinion.
Dans un second temps, quand on sait que la vitesse du discours à la télévision est de 200 mots/minute, il va de soi que dans un reportage tel que celui ci, le contenu des informations et du propos doit être aussi concis que séduisant, d’ou ce ton et ces formules un peu légères notamment dans le titre et selon les professionnels de la photographie étant immédiatement montés au créneau pour défendre leur travail.

Photographes professionnels : comment surmonter la crise ?

D’une part, on entend beaucoup de professionels dire que le métier de photographe se porte mal, qu’il existe des « fauxtographes amateurs » qui décribilisent justement la pratique en proposant des travaux de moins bonne qualité tout en cassant les prix. Et d’un autre, comme cet article de la photographe Nath-Sakura, la pratique ne s’en sort pas si mal et évolue simplement comme elle se doit de le faire avec toutes les nouveautés sortants autant au niveau commercial que virtuel.

Il semble important aujourd’hui de rappeler à ces chers professionnels que leur réaction à ce reportage les place plus en porte à faux quant au réel problème. C’est comme si on les entendais crier « On nous vole notre travail ! » (South Park). En l’occurrence, l’ayant expérimentée, la pratique de la photographie a certes un coût matériel, financier comme humain dans l’implication qu’elle peut demander. Et il est indispensable pour qui veut continuer et éventuellement se faire remarquer de s’y adapter soi même et dans les tarifs qu’il propose. Pas dans l’intention de nuire ou de s’approprier un marché mais simplement par honnêteté par rapport au client pour ce que l’on sait être en capacité de fournir comme qualité et rendu. Et même malgré ça, il n’est pas nécessairement évident de parvenir à faire sa place car l’exigence du public quant à une certaine perfection est bien présente et remarquable dans le succés de certains et les difficultés rencontrées par d’autres.

Le fait est que l’accessibilité de la photographie à un plus grand nombre permet de créer des vocations, des idées qui peuvent aller à l’encontre des professionnels pratiquant dans la théorie, mais force est de constater notamment à travers ce reportage qu’elles ont une valeur aux yeux du public. Et bien qu’il soit éventuellement préjudiciable de voir des entreprises offrir des voyages à ceux qu’ils sponsorisent, il est plutôt agréable de voir de la création être mise en avant sans forcément le constant recours à l’argent. Cette notion du « donnant-donnant », d’un échange de bons procédés offre la possibilité à des personnes de se faire connaitre, voir et de se sentir bien dans leur peau et pratique, de les encourager à continuer sans ce systématique besoin de se vendre.

A l’heure actuelle, la pratique de la photographie au sens large est en train d’évoluer très rapidement. L’argentique balbutiant encore, le numérique en plein essor de ses compacts au mode automatique, la téléphonie avec les selfies et les applis, les logiciels de retouche, et il semble logique que les professionnels de longue date ne s’y retrouvent pas et que la profession s’en retrouve quelque peu engorgée sur elle même. Cependant, l’être humain n’a jamais été aussi libre, créatif et expressif qu’à notre époque grâce à la multiplication de ces outils et autant qu’il puisse être déplorable que certaines choses se perdent avec les changements actuels, l’essentiel est là et il est évident que comme avec tout, la pratique et ses pratiquants s’y adapteront pour continuer à exister comme chacun l’entends.

En attendant, vous êtes coordialement conviés à venir faire un tour ici : https://www.flickr.com/photos/afortographie/

« Rue Curiol ». Documentaire de Julian Ballester.

Depuis plusieurs années, la place du genre dans notre société a autant éveillée les consciences qu’attisée les polémiques, notamment à travers le vote de la loi sur le Mariage pour Tous. Des réseaux sociaux jusque dans la rue, elle a mobilisée ses défenseurs comme détracteurs et participa à révéler certains penchants de pensées que l’on constate encore aujourd’hui. Tout ça ne tient qu’à la liberté. Autant d’être, de faire et de dire ce que l’on veut quitte à ce que ça déplaise. L’essentiel étant de garder cela en tête quoiqu’il arrive, car aussi outrageant qu’aient pu être certaines remarques et attitudes autour de cette loi, elles ont le droit d’être dites et existe aussi la liberté de ne pas les écouter et de s’en tenir à soi et ses convictions.
Toujours est il que depuis aussi longtemps que l’homme a existé, la différence a été cause de crainte, de jugement, d’excès. Elle est souvent causée par une incompréhension de ce qui est inconnu, car aussi ouvert d’esprit qu’on puisse être, notre expérience prévaut sur le reste, en théorie. Par conséquent, le fait de voir des dirigeants d’un pays tolérer, accepter, rendre légale une pratique que certains jugent contre nature allait évidemment mettre le feu aux poudres. Et cela va de soi, les différences existant pour nous rappeler qu’il y a plus dans ce monde que soi et son propre vécu, que sa propre histoire ou celle que l’on s’approprie. Tout comme il est important de savoir s’écouter et débattre pour mieux se comprendre et s’entendre.

Il y a de cela quelques jours, je découvrais sur les réseaux sociaux un article du 22 Février 2015 stipulant que depuis le 1er Janvier 2015, une personne transsexuelle était tuée toute les 29 heures, soit presque une par jour sur 53 jours, équivalant à quasiment autant de victimes dans le monde entier. Preuve qu’une fois de plus que la différence choque et dérange, qu’elle touche certaines personnes à un tel point d’incompréhension qu’il leur semble naturel, justifié de tuer pour mettre un terme à ce qu’ils considèrent comme hors de la norme. Ces actes de barbarie font passer ces meurtriers pour des êtres issus du droit divin, capable de décider de qui mérite de vivre ou de mourir selon leurs propres critères. Et ce faisant, ils font passer leurs victimes pour des aberrations de l’humanité indignes de respirer et vivre comme eux, participant ainsi à stigmatiser un peu plus une communauté qui ne vit pas pour choquer ou créer la discorde, mais simplement vivre. Tout ça pour une simple divergence d’opinion, de choix de vie et une absence totale de dialogue.
C’est là, entre autres démonstrations, que la bêtise humaine atteint son paroxysme.

Et c’est là que ce documentaire est venu apaiser mon courroux face à tant d’injustice stupide.
Prenant place à Marseille, un étudiant en Master de « métiers du film documentaire » du nom de Julian Ballester a décidé d’attarder le regard de sa caméra sur une rue en particulier. Cette rue, comme lui, je la prends quasi quotidiennement pour me rendre dans le centre ville, et sans forcément avoir croisé les protagonistes en présence, j’ai croisé certainement de leurs amies et collègues.
Ce documentaire montre le témoignage de trois femmes Polynésiennes transgenres que la vie a menée en France et dans cette rue parallèle à la Cannebière où elles se prostituent pour gagner leur vie depuis une quinzaine d’années. Une rue ancienne chargée d’histoire dans une cité en constant changement et évolution.
Tourria, Dominque et Joséphine, du haut de leur cinquante ans de vie, raconte chacune leur parcours respectif. Leur vie en Polynésie, ce qui les a menées à s’installer en France, les difficultés d’acceptation de leurs apparences et le choix de la prostitution comme gagne pain.
Autant dans la façon dont il est filmé que dans la teneur et profondeur des propos recueillis, je n’ai pu m’empêcher de penser à un autre documentaire m’ayant extrêmement touché pour la voix qu’ils donnent à des femmes vivants simplement dans les conditions difficiles de pays défavorisés et dont la force de caractère face à l’adversité est un exemple inébranlable de courage et de ténacité. Women Are Heroes de JR tire littéralement le portrait de femmes du monde entier qui ont choisies de continuer à vivre et se battre pour elles et les leurs malgré l’absence totale de choix qu’on a pu leur laisser.
Ici, le terme et la notion de choix ont une importance capitale. Ces femmes ayant fait le choix de le devenir, elles se virent confrontées à la dure réalité de devoir se cacher pour exister dans le pays des droits de l’homme. Et lorsque l’on porte une différence, qu’elle soit choisie ou non, on n’a qu’un souhait : Celui de pouvoir la vivre comme on l’entend et de pouvoir vivre malgré elle au milieu de tous et comme les autres. Ayant fait le choix de faire ce qu’elles avaient souhaitées de leur corps, se tourner vers la prostitution ne fut pas nécessairement évident et facile au début, mais ce fut un choix malgré tout et non une contrainte. Et il est incroyablement touchant et impressionnant de voir ces trois femmes aussi à l’aise et épanouie dans leur vie et activité malgré tout ce qui peut être dit et fait à l’encontre de leurs confrères et consoeurs. Quand quelque chose est choisi, peu importe les apparences et les difficultés tant qu’il y a de quoi sourire et c’est vraisemblablement le cas de ces magnifiques femmes.

Ce documentaire est à voir pour la simple réalité qu’il peint sur notre société, sur la place de trois individus dont la différence fait la force, pour la justesse du regard et le discernement des propos recueillis, ou simplement pour la leçon d’humilité qu’il transmet. On a le droit de ne pas être d’accord avec ce qui est dit ici, ou avec ce qui est montré dans le film, mais force est de reconnaitre que ces témoignages ont le mérite d’exister, alors autant s’y attarder. Le documentaire n’est visible que jusqu’au 13 Mars, ne perdez donc pas de temps !

Source : http://www.streetpress.com/sujet/1424168620-docu-prostituees-trans-rue-curiol-marseille#