Crossbones Vs Blacksails.

« Two birds with one stone. »

Ces deux séries sur la piraterie ont fait leur apparition sur les écrans Américains à quelques mois d’intervalles au cours de l’année 2014. Une critique en comparaison semble donc de mise pour en comprendre notamment tous les tenants et aboutissants.

La première citée ici, créée par Neil Cross pour la NBC, chaîne publique, fut diffusée en Mai 2014 jusqu’en Aout 2014, pour dix épisodes. La seconde par Jon Steinberg et Robert Levine sur la chaîne payante Starz, diffusée à partir de Janvier 2014 jusqu’à aujourd’hui. La distinction faite entre ces deux chaînes a une pertinence quant à la continuité d’une série. En effet, bien qu’une chaîne publique aie les moyens de recourir à des subventions auprés d’un tiers, une chaîne payante posséde en soi plus de moyens et de soutiens pour subvenir à ses besoins de productions, fait qui semble avoir une relative importance dans les cas traités aujourd’hui.

Crossbones est basée sur le roman « The Republic of Pirates«  par Colin Woodard dont l’intrigue traite de la République des Corsaires (1706 – 1718). Une institution auto proclamée constituée d’anciens marchands, marins, corsaires en sécession de l’empire Birtannique, de l’abscence d’information et de soutien résultant de la fin des conflits rageant à cette époque avec l’Espagne et la France et des conditions de vie en mer comme dans les plantations. Devenus pirates, ils établirent dans le port de Nassau sur l’île de New Providence (Bahamas, Caraïbes) une république qui, sans être un état à proprement parlé, était tout de même soumis à un Code de Conduite, et dans laquelle le système de vote était utilisé pour élire et choisir son corps dirigeant. Faisant partie d’une des montée de l’âge d’or de la piraterie, elle fut cause de nombreuses vocations dans l’ancien comme le nouveau continent et le berceau de grands noms de la piraterie.

Parmi ceux ci, Edward « Black Beard » Teach qui est ici incarné par John Malkovich en tant que leader de cette principauté. Bien qu’historiquement indéterminé comme tel, Barbe Noire a été un pirate connu et craint durant ses quelques années de capitaine, il a eu une influence notable dans la région notamment à travers le blocus du port Charleston en Caroline du Sud. Il semble donc de prime abord pertinent et intéressant de placer cet homme à l’intelect qualifié de remarquable en tant que meneur de cette insitution et plus particulièrement sous la houlette d’un acteur ayant déjà fait ses preuves.

L’intrigue de la série se développe au départ sur un objet, le chronomètre marin qui permet de mesurer la longitude par rapport à la navigation céleste (l’utlisation de mesures d’angles entre diffèrents corps célestes et l’horizon visible.) et son créateur fictif Frederick Nightingale (Henry Hereford). Dans le même temps, un espion du nom de Tom Lowe (Richard Coyle) se faisant passer pour un chirurgien est chargé d’abattre le Commodore de Santa Campana, supposé être Barbe Noire. Tout deux à bord d’un navire attaqué par des pirates, ils se retrouvent rapidement au mains d’Edward.
Il est important de préciser que l’homme ainsi mis en scène est décédé en 1718, tandis qu’au cours de la série, le personnage est encore en vie en 1729. Ce choix scénaristique permet une opportunité de création, une liberté de faire vivre cette légende qui a passionnée bien des historiens et des lecteurs. Cependant, aussi inventif qu’ait pu être ce choix quant aux manipulations ingénieuses dont le personnage s’avère capable, il s’égare rapidement, et la série avec lui, dans des intrigues amoureuses bien trop ressassées pour être crédible, une folie causée par une maladie cérébrale rendant la présence du chirurgien/espion soudainement indispensable, des intrigues politiques et des choix personnels et moraux plus ou moins prévisible.
Tout au long de ces épisodes cousus d’un certain fil blanc, la surprise et l’intérêt s’efface doucement pour laisser place à une certaine déception quant à voir un personnage et acteur d’une telle stature tomber en désuétude. Le jeu n’est pas en cause ici, mais plutôt la direction d’acteur et les situations choisies. Loin d’être mal faite, bIen qu’à la hauteur des moyens investis en terme visuels et de décor, l’ensemble est au final assez terne, manquant du réalisme maritime de l’époque; le spectateur passant plus de temps à voir l’intrigue être ralentie par des discussions prémâchées qu’à être développée concrétement. Son annulation avant même la fin de la diffusion de la série n’est donc pas sureprenant mais tout de même regrettable quant au potentiel qu’elle pouvait avoir et développer par la suite avec éventuellement un autre héros.

L’un des aspects marquant d’une série, ce qui peut en faire sa marque et sa publicité, c’est son générique. Nombreuses sont celles qui se démarquent par la qualité autant visuelle que musicale de ce dernier (True Blood, Vikings, Six Feet Under, Rome, …). Black Sails fait partie de celles ci, Des images de maquettes, statues montrant des batailles, des navires, des visages, des corps accompagnés d’une musique entrâinante posent d’emblée les moyens et la qualité souhaitée pour ce programme.
On y suit le Capitaine Flint (Toby Stephens), personnage fictif crée par Robert Louis Stevenson dans son livre « l’Ïle au Trésor » (1881). Les évenements de la série sont supposés se passer 20 ans aprés ceux du livre, plaçant donc Flint dans un aspect éventuellement inexploré de l’histoire de Stevenson.
A travers l’influence grandissante en 1715 de New Providence et Nassau sur les activités marchandes britanniques, les membres connus de cette organisation sont qualifiés d’ ‘hostis humani generis » (ennemi du genre humain), les poussant ainsi eux mêmes à se déclarer en guerre comme le monde entier.
Le capitaine Flint est à la tête d’un équipage chargé de faire prospérer et défendre Nassau des diffèrentes entités légales voulant mettre un terme à son existence. A l’intelligence et discernement stratégique aiguisés, il s’impose très vite comme un personnage charismatique mais également profond à travers le développement de son histoire personnelle. Sans connaissance du passé du personnage de Stevenson, celui ci était anciennement un membre de la marine britannique, qu’il a fui lorsqu’incriminé pour certains de ces choix. L’un de ses buts, qui le servirait autant lui que Nassau que l’intrigue de Stevenson, est sa quête pour un trésor de la marine Espagnole : Urca de Lima.
D’autres personnalité fortes se manifestent tout au long de la première saison, Eleanor Guthrie (Hannah New) inventée pour l’occasion, Charles Vane (Zach McGovan),  Jack Rackham (Toby Schmitz), Anne Bonny (Clara Paget) tous des personnages ayant réellement existés qui ont vu leurs histoires forcément adaptées pour l’occasion. Chacun avec ses qualités comme défauts, ils participent à donner une profondeur et une teneur au développement de l’histoire et à la cohérence du scnéario. Et bien qu’adaptés, ils contribuent à renforcer l’aspect fortement réaliste de la série déjà bien mis en valeur par la qualité des costumes, des décors, des situations.
La nudité à la télévision américaine a toujours été source de débat, particulièrement depuis Game Of Thrones. Certaines chaînes peuvent se le permettre, d’autres non ou ne préférent pas. Cependant, étant un fervant admirateur du réalisme de la vie portée à l’écran, elle participe à rendre un programme plus palpable, auquel on peut s’identifier à travers notre propre expérience, sans pour autant être indispensable non plus, devenant rapidement un recours facile pour le plaisir des yeux. C’est simplement une plus value pour ce programme qui s’attache autant à montrer la réalité envisagée d’une époque et d’une population que l’on n’a pu connaitre mais qu’on perçoit plus ou moins de la même façon. D’autant plus qu’au fur et à mesure de son avancée, il ne montre pas simplement des corps dénudés, il fait étal d’une certaine humanité que ce soit par rapport aux abus perpétrés à l’encontre des femmes et à leur combat pour une place dans la société sans oublier l’importance des sentiments dans la vie.
La première saison nous avait laissés dans l’expectative quant à Flint et aux autres membres de son équipage, isolés sur une île, coincés entre la mer et un opposant de taille tandis que le pouvoir chancelle à Nassau. L’arrivée de la saison suivante en Janvier 2015 a tenue toutes les promesses posées en elle, et bien au delà même. Cette série fait excellement bien la part belle aux hommes et femmes de cette époque, tout en nous permettant d’entrevoir les enjeux économiques et géopolitiques de l’époque. Sans être un chef d’oeuvre, c’est un divertissement passionnant teinté d’humour gras comme subtil, de twists savoureux, de charisme et de qualité.

« It’s a person. A doctor pronounces her dead, not the news. » – The Newsroom.

(écrit le 09/01/2015; deux jours aprés les attentats perpétrés à l’encontre du journal satyrique Charlie Hebdo.)

« Le journalisme a une dimension sacrée. En tout cas pour moi. Quand il est fait avec intégrité et honnêteté.

Qu’il soit d’information, d’investigation, de revendication, de démonstration, d’instruction, à but satyrique, … Qu’il soit pratiqué par une radio locale, un journal national, une chaîne de télévision diffusée à l’internationale, …

Il peut être tout aussi sacré qu’un culte dans un lieu saint, s’en différenciant simplement par sa représentation, sa matérialité palpable, sa légitimité historique, son accessibilité. C’est un principe, une façon de vivre, voir, réfléchir, interpréter le monde au quotidien avec une importance semblable à celle de quelqu’un qui croit. Une preuve en est la quantité de journalistes tués ou kidnappés dans la pratique de leur métier avec pour seule volonté de rapporter et transmettre l’information. Tandis qu’une quantité effroyable d’atrocités ont été commises au nom d’un Dieu tout au long de l’histoire avec pour aucune autre finalité que la simple perte de vies humaines. C’est une vocation tout en étant un choix, là ou la religion peut être un héritage traditionnel à perpétuer ou une chimère d’illusions transmises à des fins néfastes.

Et aujourd’hui, c’est une dizaine de pratiquants de cette transmission de l’information qui ont péris sous les balles d’idiots se prétendant représentants d’une religion. Des hommes connus et reconnus qui excellaient dans leur capacité à tirer un sourire des informations les plus lourdes ou révoltantes à travers leurs crayons de dérision et d’ironie. Il n’étaient pas des politiques, des soldats, des débiles, des provocateurs. Simplement des hommes passionnés par leur envie de distraire et d’amuser en éduquant à grand renfort de sens percutant.

C’est une pratique qui a toujours existée sans forcément porter ce nom, sans forcément arborer la même intégrité et importance. Des crieurs de rue relayant les propos de messagers aux affiches placardées, des inventions de l’imprimerie, de la machine à écrire, de la radio, à la télévision et enfin à internet, tous ces éléments ont permis aux habitants d’un village, puis d’une ville et enfin du monde entier de savoir ce qui se passait autour d’eux comme loin de chez eux à travers la création de journaux, des agences de presses, des chaînes et sites d’information, …

Bien que l’humain ne fut pas toujours autant en nombre et connecté qu’il l’est aujourd’hui, il a toujours eu conscience de l’autre et de l’ailleurs. Pour cette simple raison que ce qui se passe prés comme loin de chez soi attise notre intérêt curieux et peut avoir une influence sur nos vies et notre quotidien. Un tailleur de pierre à Rome, un paysan au Moyen Age ou un esclave en Égypte n’avait pas forcément les moyens ou l’intérêt de savoir ce qu’il se passait dans les hautes sphères de son environnement, mais il ne pouvait pas y rester indifférent de par le simple fait qu’il croisait ne serais ce que son voisin et si il y a bien une chose que les gens font, c’est parler et à travers ça circule les faits.

Le journalisme est l’activité qui consiste à recueillir, vérifier ou commenter des faits pour les porter à l’attention du public dans les médias. C’est là le pouvoir de l’information, transmettre des faits tels qu’ils se sont déroulés dans la véracité de leur déroulement et avec le respect de sources vérifiées, de leur identité, les rapportant dans le cadre du journalisme. Il est l’étendard d’une liberté rudement acquise face à la censure et la propagande. Il constitue un droit inaliénable et fondamental de l’expression populaire. Il a la capacité de dire et montrer ce qu’on n’ose énoncer et regarder, ce qu’on n’entend ou ne voit pas.

Cependant, depuis la globalisation de la toile et de ses réseaux a été constatée une perte de crédibilité notable dans l’ensemble du journalisme. Des phénomènes de modes, des flux, de l’ingérence, la quête de l’effervescence de clics pour faire parler de soi et avoir le plus de représentation, de présence sur tous les médias possibles sont autant de tendances qui ternissent la pertinence du journalisme dans son sens strict, ainsi que le travail de ceux qui s’attèlent à lui rendre honneur. La nécessité de suivre le mouvement dicté par l’évolution des temps, des technologies et des médias obligent de s’y plier, mais il n’y a pas d’obligations à recourir à la médiocrité de masse.
Depuis l’incident, des fils d’actualités live sur différents sites et chaînes retranscrivent l’évolution de l’enquête, le déroulement de la traque. Par chance, l’un d’entre eux a la décence de dire qu’ils ne sont pas en mesure de confirmer telle ou telle information par absence de confirmation officielle ou de recoupement, là ou d’autres ne s’embarrassent vraisemblablement pas de telles considérations, au risque de devoir se contredire volontairement par la suite.

Il est donc atroce aujourd’hui de constater ce triste événement, cette perte d’une rareté de la presse française, de ces « icônes » désormais éternelles dans le conscient des gens.

Il est effrayant d’envisager l’impact des conséquences de ces idiots isolés sur toute une population pratiquante majoritairement pacifique et modérée dors et déjà stigmatisée par ces « martyrs » meurtriers et par la médiocrité des rachats politiques de la désinformation extrême qui s’amusent déjà à parler de ‘guerre déclarée’. Il suffisait juste que ces mots soient lâchés pour que « l’unité nationale » prônée par nos dirigeants soit anéantie par les volontés isolées de quelques personnes à l’éducation flouée. Et ça a déjà commencé.

Il est fatiguant de lire des commentaires à la stupidité indéniable stipulant que tout ceci était mérité, alimentant ainsi la plus malsaine des haines, ou des prophètes omniscients adeptes de répandre leurs avertissements passés de théories complotistes et de se vanter de la connaissance qu’une telle chose allait, devait arriver.

Il est heureux de voir tant de solidarité et de rassemblements autour de ces disparitions, cause d’une violence inouïe. Des dizaines de milliers de personnes se regroupant dans la rue, stylo brandi, pour transmettre un message plus fort que tous les calibres. Que les dessins représentants le Prophète Mohammed soient massivement partagés en pieds de nez à cette interdiction inventée.

Il est triste de constater cette mode hypocrite consistant à se donner une image à la portée symbolique faiblarde, autant que ça puisse être dans l’ère du temps, plutôt que de donner de soi et de ses mots. Comme pour se coller une étiquette de bonne conscience éphémère. Ça en est même scandaleux quand ça devient un mot d’ordre d’afficher son soutien sous peine d’être un pariât ou une occasion de se faire de l’argent.

Il faut rester prudent, intègre, courageux et honnête envers soi et les faits. Il faut garder son identité et savoir se taire face à tous ces éléments dont on ne sait que peu de choses. Ce n’est pas parce qu’il y a milles plateformes pour s’exprimer qu’on doit forcément le faire. Il y a de la dignité à garder le silence, à se faire sa propre idée de la chose en sachant s’informer.

C’est arrivé dans notre capitale cette fois ci et c’est extrêmement choquant, auprès d’un journal sensationnel dans la portée de ses publications, cause de louanges comme autant de critiques.

Ca arrive partout dans le monde quotidiennement et c’est tout aussi important.

Je suis moi, et personne d’autre. Pas un fan invétéré du journal, ni un lecteur assidû. Simplement quelqu’un qui déplore la cible de cet événement et cette perte pour le journalisme. Chacun est libre de porter cela comme il l’entends, la liberté d’expression étant là pour ça. Il est cependant indispensable de garder son identité et sa capacité de réflexion dans de tels moments. Je fais mon deuil loin de la foule grouillante et de ses écarts, mes pensées étant là ou elles doivent être, le cœur vif et brûlant. Mais je dois déplorer qu’à bien des égards, la nature de l’être humain, du peuple français qui se révèle ces jours ci s’avère cause de dégoût ulcérant. Nous vivons une bien triste époque. »

Doctor Who.

« About time to change, and so must I. »Matt Smith en Onzième Docteur.

Où quand un auteur s’exprime plus à travers son oeuvre qu’avec sa propre bouche.

La magie de la fiction tient en sa simple capacité à prendre des élements qui nous sont propres et communs, à les placer dans un contexte qui tend à sortir des normes du quotidien et de la réalité, et à travers ce savant mélange à nous faire voyager dans l’imaginaire tout en nous identifiant à ceux et aux choix que nous suivont à l’écran.

Doctor Who est un monument de la télévision britannique, ayant été diffusé pour la première fois en Novembre 1963 sur la BBC et continuant encore aujourd’hui sur cette même chaîne. Durant ses 52 ans, il y a eu des pauses, des échecs, des films, des arrêts, un reboot, des anniversaires. C’est une série qui a pour ainsi dire évoluée avec son temps, autant dans la façon de raconter son histoire que dans la façon de faire de la télévision. Elle a marquée un demi siècle d’enfants d’antemps et d’adultes en devenir.

Au tout début, les moyens techniques et financiers étaient succins, la caméra était en plan fixe dans un décor qui changeait, donnant une dimension théâtrale aux premiers épisodes autant dans le jeu d’acteur que le déroulement de l’action. L’arrivée de la couleur, le développement techonologique permettant le déplacement du matériel, de créer des effets spéciaux, de filmer en extérieur ont permis à la série de s’ancrer dans la réalité de notre monde sans perdre ses élements fantastiques, tout en restant intégre à l’intention originelle de l’histoire.

Le Doctor est un Seigneur du Temps (Time Lord) qui à travers sa capacité à voyager à travers le temps, l’espace, les dimensions, son héritage posséde une connaissance proche de l’infini de tout ce qui peut peupler l’univers. Il ressent le mouvement de la planète sur laquelle il se tient, il peut communiquer par télépathie, il posséde deux coeurs et peut également se régénérer quand son corps est en danger de mort. Cependant, de ce postulat aisé quant aux facilités qu’il peut créer autant dans le scénario que dans la continuité de la série avec de nouveaux visages à l’écran, le Doctor ne cesse de découvrir, d’être surpris et émerveillé de nouveaux lieux à  explorer et créatures à rencontrer, lui donnant ainsi une dimension humaine tout en faisant écho à la vérité absolue qu’on ne cesse jamais d’être surpris tout au long de sa vie.

Le choix d’un être venu d’ailleurs comme personnage principal a une portée pertinente puisqu’il interagit principalement avec les habitants de la Terre, seule civilisation que nous connaissons actuellement, quant à sa perception de notre monde et de nos agissements locaux comme globaux.
Ayant fui sa planète natale Gallifrey à bord d’un vaisseau capable de voyager à travers les âges et les lieux, mais aussi d’être plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur et de changer d’apparence au besoin. Il a atteri sur Terre avec comme aspect pour son TARDIS (Time and Relative Dimension in Space) celui d’une cabine téléphonique de police des années 50. Suite à un disfonctionnement, l’apparence s’est vue bloquée et impossible à changer, créant ainsi l’icone emblématique de cette série. Il y a ensuite rencontré une poignée d’humains avec lesquels il s’est lié et en a choisi comme compagnon qui sont morts, se sont succédés, et ainsi de suite pendant plus de 50 ans.

Tout au long de sa diffusion, Doctor Who a été l’apologie du « cheap » en matière de moyens et d’effets spéciaux, tout en développant une intrigue aux enjeux passionants, aux adversaires atypiques autant dans leur apparence que leur phrasé (Daleks, Cybermen, The Master, …) , et à l’impact anthropologique puissant. Le reboot de 2005 ne déroge pas à la régle. Aussi insupportable que peuvent parâitre certains aspects de cette série au premier regard, le fait est que la recette fonctionne notamment grâce à la façon dont est créé le décalage entre humain et seigneur du temps, entre la perception que l’un peut avoir de l’autre et inversement.
A travers la relance de la série, on apprends très vite que le Doctor a dû mettre un terme à une guerre en éradiquant les deux cotés s’opposant, incluant sa propre civilisation (élements développés avec brio comme maladresse dans l’épisode anniversaire des 50 ans « The Day of the Doctor« ). La façon dont il est marqué par cet acte et la perception qu’en ont ces divers compagnons font de lui un bourreau infâme autant qu’un être doué d’une sensibilité profonde. Tout au long des épisodes des 4 premières saisons, le Doctor est amené à faire des choix en liens directs avec cet évenement, à remettre en question son existence pour le bien commun, pour l’humanité, l’univers, … Au point parfois d’être prêt à sacrifier sa propre vie pour cela, si ce n’est qu’en bons humains doués d’une intelligence et d’une sensibilité propre à notre genre, ses compagnons trouvent toujours un moyen de le sauver, de résoudre ce qu’il est incapable de voir, de le remettre à sa place.

La recette semble fonctionner simplement pour la magie inhérente à cette série quant à la perception des dimensions, à la limite des infinie des voyages, au soin apporté à créer et recréer des époques et atmosphères nouvelles comme ancienne, à prendre de notre histoire pour lui donner un aspect fantastique tout en lui octroyant un sens et une portée supplémentaire, à cette alchimie savamment orchestrée entre l’humain et l’étranger et tout ce que cela peut impliquer. Il est incroyable de croire que cette série existe encore aujourd’hui aprés tout ce temps, mais force est de constater qu’une telle recette ne peut que continuer de toucher et de fasciner les téléspectateurs. En tout cas jusqu’à un certain point.

Depuis 2010, une nouvelle ère souffle sur Doctor Who avec l’arrivée d’une nouvelle équipe de production. Russel T. Davis et David Tenant ont laissés leur place à Steven Moffat en tant que scénariste puis showrunner et Matt Smith puis Peter Capaldi en tant que nouveaux visages pour le docteur. L’ère Davis/Tenant était en place depuis le reboot et avait su développer au mieux cette alchimie entre surréalisme et humanité, créant parmi les moments les plus émouvants vus à la télévision à ce jour, que ce soit dans le rire ou les larmes.
Tout changement apporte son lot de réussite et de déception, mais il était juste quant à ce qui avait été traité et le besoin de passer à autre chose. Il faut avouer que depuis ce changement, la série semble avoir pris une ampleur nouvelle, mondiale. Cependant, et cela sans teinter cet impact, l’arrivée de Moffat a changée la façon dont la série et les personnages sont traités.

Depuis tout petit, Moffat est passionné de Doctor Who, de ce personnage avec lequel il a grandi. Et maintenant qu’il se retrouve avec l’honneur d’être aux commandes de sa création, il s’est approprié le personnage à un tel point qu’il s’en sert comme voix à travers certains dialogues de la série. Il ne s’en est jamais caché en soi, mais il apparait important de souligner qu’à être trop prés de quelque chose, on perds éventuellement sa capacité à voir au delà et à prendre du recul.
Moffat a sa patte, sa façon de faire, d’écrire une intrigue et de la conclure, mais il semble incapable de développer sur le long terme. Depuis son arrivée, les intrigues saisonnières sont composées de stand alone avec un fil rouge en arrière plan, comme ce que font la majorité des séries depuis les années 2000. Il faut bien reconnaitre la difficulté de développer l’ensemble des personnages et d’une intrigue à chaque épisode sans se retrouver à proposer quelque chose de trop dense pour le spectateur. Cependant, et même si il est parvenu à l’appliquer sur les saisons 5 et 6 comme ses prédescesseurs l’avaient fait à merveille, il impose de plus en plus sa vision et sa facilité de résolution.
Tous ces élements donnent des saisons décousues où, tel un soufflé (métaphore choisie), l’intérêt monte très rapidement pour redescendre aussi vite. Qui plus est, dans la cas de la dernière saison, ou il a pour tâche d’introduire Peter Capaldi en Doctor, il ne parvient pas à lui donner une consistance, une identité claire, faisant passer autant les acteurs que les situations choisies pour des potiches flasques. Pourtant, la qualité d’acting est clairement là, c’est simplement ce qu’il se passe en amont du tournage qui fait défaut à l’ensemble de la série. Egalement, l’esthétique gloable de la série s’est vue améliorée suite au succés rententissant de la série outre Atlantique et outre Manche, modifiant radiclement la façon dont elle est regardée et le cachet qu’elle pouvait avoir.

Tout comme il était important de changer d’ère il y a 5 ans de cela, il semble également important aujourd’hui de renouveller l’équipe de création autour de la série, car autant qu’il y a de potentiel dans ce que Moffat peut proposer, il n’est clairement pas exploité et a fait fuir bien des spectateurs même si le plus grand nombre semble conquis, la saison 8 ayant été élue sur le site de la BBC meilleure saison de l’ère Moffat à 42 % devant la saison 5 et 6. La diffusion de la saison 9 à l’été 2015 devrait apporter son lot de réponse quant à cette continuité qui semble lasser certains et enivrer d’autres !

Un fan nostalgique d’une époque révolue.