A Series of Unfortunate Events

Aujourd’hui, en cette ensoleillée journée de Février, loin des tribulations des états désunis et en dépit de l’appel du dehors, un homme se consacre à rédiger un argumentaire concernant une œuvre récemment vue. Alternant entre froid glaçant et douceur printanière, ce mois annonce assurément l’arrivée certaine de meilleurs jours où le dépit ne se posera même pas. A contrario, celui du monde risquait de continuer de grimper en flèche à mesure que les extrêmes de toutes sortes se bataillaient férocement, un peu à la façon de deux frères aux yeux bandés. 

Quant à cette rédaction, une Problématique se tenait face à son auteur. L’œuvre en question, intitulée A series of unfortunate events, est une adaptation au format épisodique télévisuel d’une série de romans pour enfants. Or, l’auteur de cette rédaction n’avait jamais eu l’occasion de poser les yeux sur les lignes de ces imprimés, ce qui constitua une raison suffisante à la Problématique pour ainsi venir se poser.
Cela fait donc une bonne heure que tous deux se toisent et se taisent, assis au coin d’un feu imaginaire dans une cabane en pierre qui l’est tout autant. La fin de leur rencontre, vous l’avez sous les yeux.

Comme vous l’aurez deviné, l’intervention de la Problématique tient plus de la supercherie personnifiée que d’un réel être qui porterait ce prénom. Tout comme cette explication n’est pas nécessairement utile à l’avancée du propos, mais plutôt, bien volontairement, à son contraire.

Tout comme il est amusant de constater qu’une œuvre dont le titre commence par A series… constitue une suite d’œuvres littéraire et télévisuelle. Une série !

Et ceci, les créateurs de l’adaptation l’ont bien compris !
Dés le générique, c’est d’un ton dédaigneux que la voix de Neil Patrick Harris vous préviens de l’horreur qui vous attends, vous invite à plier paupière pour fuir ce programme dérangeant.
Si vous êtes parvenus à supporter cette entrée en scène, c’est désormais au tour du narrateur, incarné par Patrick Warburton, de venir vous présenter l’univers, les tennants et aboutissants, mais surtout de rappeler et d’accentuer ce ton d’aprés lequel cette histoire est tragique et insupportable.

Une fois cela fait, c’est au tour des personnages d’incarner cette histoire vraisemblablement déjà écrite par les interventions ponctuelles du narrateur. Ce choix de mots et de narration n’est pas là au hasard, le développement de l’intrigue laissant beaucoup penser au rythme avec lequel un livre peut se développer. Ce dernier en est d’ailleurs très particulier, autant dans le découpage que dans les dialogues. Le spectateur est souvent laissé dépendant des apparitions du narrateur pour l’obtention d’informations clés et peut se retrouver tantôt désappointé tantôt amusé lorsqu’il divague pour gagner du temps. L’alchimie est unique en son genre et peut happer comme repousser.

Au final, rassurez vous.
Très loin d’un American Horror Story, les éclats de noirceur de cette série se situent bien évidemment dans l’intrigue, mais avant tout dans ce fameux narrateur. Ce ton employé qu’il s’acharne à maintenir est très fréquemment désamorcé par ce qui est une autre force de cette adaptation : son recours à l’absurde.
Sans qu’il paraisse évident que les enfants soient l’audience souhaitée de ce programme; les images pouvant avoir un impact différent que des mots; beaucoup de situations inquiétantes se voient désamorcées par un humour généralement raisonné particulièrement savoureux ou irritant. Tantôt le méchant échoue dans son plan à cause d’une logique implacablement stupide, tantôt un échange de plusieurs minutes ne mènent au final nulle part…

L’univers et la façon dont sa magie est mis en image permet rapidement de capter sa cohérence. C’est un monde magique dans lequel les adultes sont soumis à une logique égocentrée tandis que les enfants se rappellent celle du monde et des hommes. Joli tour de force que d’avoir réussi à rendre cet univers accessible dés les premiers épisodes.

A Series of Unfortunate Events s’impose comme une oeuvre/adaptation impressionnante tant elle réussie à transporter son spectateur le long des péripéties de la famille Baudelaire. Un énorme travail de fond est visible tout au long des huit épisodes, les acteurs sont d’une constance impressionnante, enfants comme adultes. La direction de ces derniers, qu’on devine affutée et rigoureuse, permet à ces personnages de donner sa consistance à un univers qui se veut terne mais est en réalité riche de détails.
On peut également mentionner ses partis pris numériques, flirtant souvent avec la “Vallée de l’étrange” mais s’incluant comme un élément capital de la narration au point d’en devenir cohérent avec la magie de l’univers dépicté.
Au final, c’est l’ambiance, le jeu des tons qui peut faire de cette série une œuvre immanquable ou oubliable, mais on ne peut nier que l’intention initiale et le travail accompli est conséquent. Ce n’est pas une série classique au sens stricte, elle en reprends bien des codes mais y ajoute un découpage, un rythme inédit jusqu’alors.
Même dans ces enjeux symboliques, elle innove : jouer sur l’inversion des rôles et façons de penser entre enfants et adultes se fera toujours l’écho d’une ingéniosité que la société peut peiner à appliquer.

Vous trouverez au bout de ce lien ce fameux générique !


*L’auteur de ces lignes a volontairement laissé de coté les éléments de l’histoire pour l’évidente raison que si vous ne connaissiez pas déjà, ceci sera l’occasion pour vous d’aller en savoir plus !

Rogue One – A Star Wars Story

Avant d’entamer cette tradition désormais annuelle, il va être important de contextualiser notre propos afin de bien aborder ce qui fait que ce film est ce qu’il est.

Dans un premier temps, est ce que vous savez ce qu’est Rogue One ?
Parce qu’étant donné le nombre de personnes ayant pu se poser la question ces dernières semaines associé à une communication timide de la part de Dinsey/Lucasfilm, l’interrogation est légitime.

Rogue One raconte l’histoire de l’obtention des plans de la première Étoile de la Mort par la Rébellion, juste avant la trilogie originale commençant par un Nouvel Espoir (IV).

Oui, ça va spoiler en toute légitimité pour des raisons évidentes.

Le rôle de ce film est donc de combler un vide de narration dans les dix-neuf ans séparant les deux trilogies (I II II – Rogue One – IV V VI).
Il est à noter que ce « vide » avait déjà été comblé et conté maintes fois dans l’ancien Univers Étendu, Disney continuant d’essayer de faire « du neuf sans le bon vieux ».

Également, certains sujets seront volontairement laissés de côté, tenants en effet plus de la sensibilité de chacun. Par exemple, l’absence de texte déroulant au début du film ou l’utilisation de personnages en CGI sont des partis pris tout à fait viables pour un film se voulant lien entre ceux existants. Ou pas du tout, c’est chacun qui le voit.

Cependant, quand on ne parvient pas à assurer une promotion suffisamment claire pour que le spectateur non-initié puisse s’y retrouver, c’est déjà se tirer un p’tit coup de blaster dans le pied. Notamment avec des bandes annonces très loin du produit fini et des tournages supplémentaires.
Dans le même temps, un premier spin-off sur cet univers est un gros risque, particulièrement après les échecs de contextualisation du Réveil de la Force. Et forcément, quand on est Disney, on peut budgétiser un tel film mais pas tout miser dessus.

Et à juste titre, l’entreprise ayant très bien compris, à notre grand désarroi, qu’à partir du moment où quelque chose remplissant un certain cahier des charges est estampillé Star Wars, les gens, fans ou non, mordront à l’hameçon. On reste loin des records d’entrées du précédent film, mais Rogue One se rentabilisera de lui même très rapidement à n’en pas douter. Il semble donc temps d’annoncer qu’en ce qui concerne les œuvres les plus prisées par le public, dans son sens le plus large, cette licence entre dans une ère de médiocrité standardisée doublée d’un penchant commercial à son apogée.

Ah oui, ça donne des coups de Teräs Käsi d’entrée de jeu.

Parce qu’au bout d’un moment, qu’on soit un fan de l’univers ou de cinéma, que le film soit qualitatif ou branlant, faut enlever les gants pour se retirer les étoiles des yeux et parler vrai.
Rogue One, par l’intermédiaire de Gareth Edwards et ses équipes, se donne les clés pour être un bon film Star Wars, un bon film de guerre, mais n’est pas en soi un film qui restera dans l’histoire.

Et cela pour une raison très simple, à vouloir créer des personnages et toute une intrigue avec comme seule intention de lier le film à sa suite directe, on se retrouve avec un film très bancal sur ses héros.
Un soin tout particulier a été apporté à mettre en avant l’univers avec une intention de respect et de continuité palpable. Comme l’est d’ailleurs la passion du réalisateur à travers son implication dans ce film.
Comme pour son prédécesseur, l’imagerie participe d’ailleurs grandement à cet ancrage, le travail effectué sur la photographie et l’association des factions à des notions d’échelle ne sont pas sans rappeler le film Monsters qui avait fait connaître Edwards au grand public. Comme son prédécesseur, l’utilisation d’effets pratiques et de clins d’œils est très accentuée, mais avec un degré supplémentaire de justesse et d’innovation.

L’un des autres problèmes inhérent au fait de créer une nouvelle histoire, c’est qu’on prends un temps fou à introduire de nouveaux lieux, personnages et à essayer de leur donner teneur et cohérence par rapport au film et son univers. La première partie de Rogue One consiste donc à constituer l’équipe de Rebelles et poser les enjeux des Impériaux. Et il n’est pas évident de créer quoique ce soit de concret et attachant autour d’autant de héros en deux heures de films. Au final, c’est, encore une fois, bel et bien K-2SO le robot qui est le mieux écrit et le plus attachant. Well, les personnages Impériaux sont plus attachants que les héros !

Beaucoup de points de controverse sont justifiables par rapport à l’univers, mais là encore, un certain classicisme Hollywoodien contribue à ne pas rester aussi naïf. On nous vend le film avec une héroïne « forte et indépendante » et c’est le second couteau récemment repenti qui ne lui laisse même pas la chance de se battre par elle même à la fin du film. On nous fais baver avec des grands noms au casting qui ne sont que des faire valoir jetables. On nous présente deux guerriers avec qui le maître du jeu est tout de même vraiment sympa sur les lancés de dés.

 »Oui mais la Force ! » Pardon mais Bantha Poodoo la Force…

Tout ça pour dire qu’autant que le divertissement offert par le film puisse être plaisant, les archétypes et deus-ex machina desservent les tentatives d’implanter de la réflexion, de l’émotionnel, du contexte cohérent. Alors que c’est bien pour ces deux aspects que beaucoup d’entre nous vont voir un Star Wars.

Une scène réussie pourtant parfaitement le pari de créer du liant tout en ancrant ses personnages, c’est celle du rêve de Jyn nous faisant deviner Coruscant. Rien que ça suffit à se dire que s’inspirer plus du travail de Lucas aurait pu faire aboutir à un film bien plus cohérent et captivant. Il est plaisant de voir la prélogie être incluse, mais sa richesse est très loin d’être exploitée ici.
Cette scène contribue d’ailleurs à renforcer le ton de noirceur assumé très rapidement, parce qu’il fallait bien que ce ne soit pas un film pour enfants étant donné ce qui y est abordé. Et ça, ça fait du bien et c’est ce qui en fait un bon film de guerre Star Wars.
On n’a pas affaire à une Rébellion simplement gentille mais à une résistance en guerre pour sa survie, à un Empire imposant et à un final aussi impitoyable qu’un film Disney le permet.
Cette noirceur renvoie quelque part à celle de L’Empire Contre-Attaque à peine égayée par la finalité de Rogue One menant vers un Nouvel Espoir tout apportant une continuité à ces personnages récurrents. C’est là que tient le respect envers l’univers original. Mais c’est qu’ce film s’avère tout de même être ce qu’il est supposé être : un complément cohérent à la trilogie !

Au final, et ceci risque de choquer après tant de critiques, le film fonctionne globalement bien et sera revu et acheté. Il tient la route malgré ces nombreux défauts. On n’a que peu de temps pour s’ennuyer, l’action est impressionnante, l’imagerie travaillée, les piliers tiennent leurs rôles, les interactions entre le casting principal fonctionnent sans pour autant parvenir à n’être autre chose que du remplissage jusqu’au final en chair à canon. Et avec certains choix et scènes, l’attente de beaucoup a été comblée. On ne saura sûrement jamais si ses tournages supplémentaires ont contribués à rendre le film plus ou moins noir, mais le résultat aura suffi à faire rêver beaucoup d’entre nous. Il est simplement déplorable que les sensations faciles prévalent sur le contenu et l’ampleur de l’intrigue.
Ce n’est certainement pas le meilleur Star Wars, mais Rogue One s’inscrit proprement dans le tout que forme la prélogie et la trilogie originale.

Ah oui, la nouvelle, on verra à la fin !

Et afin de rendre hommage au départ inattendu de Carrie « Leia Organa Solo » Fisher, je vous renvoie à cette vidéo réalisée durant un week end de Juillet où j’ai eu l’occasion de la voir, de loin, interagir et s’immortaliser avec autant de fans qu’il a de diversité dans l’être humain. Et c’était beau et suffisant.

The Faces of The Force

La Nuit Originale.

A l’heure où Internet devient un espace de créations aussi prolifique et important que la télévision, de multiples initiatives et communautés naissent que ce soit en terme d’éducation, divertissement, vulgarisation de biens des domaines, fiction, témoignage de vie, …

Là où la télévision continue généralement de s’embarrasser de ses codes désuets en proposant un contenu particulièrement orienté vers une finalité consumériste, que ce soit à travers sa course à l’audimat ou ses abus de sollicitations du public, elle persiste à vouloir fonctionner sur un modèle éprouvé et peine en conséquence à renouveler autant la qualité de ses programmes que leur intérêt.
Au delà de ce constat provoquant, la recette prends encore auprès d’un public tantôt fidèle, tantôt en quête d’évasion, tantôt sincèrement passionné. Qui plus est, quelques chaînes et émissions parviennent à sortir leur épingle du jeu en proposant des programmes intéressants et dénués de langue de bois.

Internet, quant à lui, continue de se chercher en ne cessant d’évoluer dans toutes les directions, autant en terme de contenu que de modèle économique. C’est un média dont le jeune âge lui permet encore d’avoir une liberté digne de celle d’un enfant qui découvre sa propre imagination. Il en est forcément prolifique, impertinent, immature, désinhibé, talentueux, capricieux, bienveillant, mimétique et tant d’autres.
De ses capacités à créer du lien, encourager la participation consciente, inspirer nombres de spectateurs à en devenir acteur, transmettre et émuler, il s’inscrit depuis ses débuts comme un espace d’échange et de création sans autre limite que celle des personnes le pratiquant.
Il va sans dire que s’il y a bien une chose dans laquelle l’humain est passé maître, c’est sa capacité à surprendre, innover, créer au delà de toute notion de bien ou de mal.

Et aujourd’hui, une initiative unique en son genre a captée l’attention de votre serviteur.

Imaginez qu’on rassemble pleins de personnes ayant une expertise dans une multitude de sujets touchant à autant de domaines de la société, le tout sur plus d’une demie journée de direct sur Youtube avec plus d’une dizaine de plateaux différents.

La Nuit Originale, c’est le concept créé par Thomas Hercouet et son équipe, en collaboration avec le magasine virtuel Mademoizelle.com qui offre ses locaux pour l’événement, ainsi qu’une multitude de talents créatifs et intellectuels du web et d’ailleurs.
D’abord balbutiante techniquement lors de sa première édition en début 2015, La Nuit Originale a su au fil du temps s’équiper, s’améliorer, se diversifier afin de proposer plusieurs occurrences de l’événement durant la même année.

C’est un espèce de podcast géant dans sa durée qui permet à des personnalités reconnues comme émergentes de parler de leurs activités, situations, opinions en abordant des thématiques aussi vastes que pertinentes : médecine, sexualité, politique, science, horreur, fiction, musique, vidéo, société, …
Il y a même eu un Kébab Quizz, des aventures dont vous êtes le héros, un blindtest sans musique, des émissions radios de Gotham City ou Bourgpallet, une inversion des genres et une infinité de délires savoureux ou gras.

Très honnêtement, à l’échelle de l’Internet Français, La Nuit Originale s’impose comme un concept impérissable dans le temps et en constante construction et évolution. Cette émission est à l’image de ses intervenants et de son média de diffusion : proche de son public et vecteur de divertissements, de connaissances. On peut passer littéralement du rire aux larmes, du frisson à l’attendrissement. Et ça s’écoute aussi facilement que ça se regarde.
C’est une initiative qui mérite tout le soutien qu’on peut lui apporter tant elle comporte d’aspects positifs en terme de transmission d’idées saines et de valeurs humaines, de fou rires géniaux, d’inventivité dans la diversité de ses plateaux.
Bravo, merci à La Nuit Originale d’exister pour ce qu’elle transmet et de persister pour ce qu’elle peut créer.

Je vous laisse maintenant entre les mains d’une foire aux questions et d’un petit lien vers l’ensemble des vidéos des éditions précédentes.

https://www.youtube.com/channel/UCm7KqKpv85JrIKPDjmuU8fg

La prochaine, à l’automne, soyez là !

Génération Pokemon !

On fais tous des choix de vie qui nous correspondent quelque part. Mais vient toujours un temps où on se trouve moins en accord avec ces mêmes choix.
Peu importe la cause et ses conséquences, vient toujours un temps où dans un élan de lucidité manifeste, on se rend compte. On se retrouve face à soi, et on se dit que notre quotidien est ce qu’il est.
Composé d’autant de belles attentions extérieures que du marasme inhérent à tout adulte qui continue de grandir, de journées anecdotiques où l’on répète les mêmes tâches tel un automate et de celles où on sait se donner un coup de fouet pour accomplir quelque chose de nouveau et se sentir un peu plus exister. De cette routine et solitude relatives, de ces abus et retenues, on tire ce qu’on peut.

Ces 6 derniers mois, comme chaque jour d’ailleurs, beaucoup d’anniversaires ont été fêtés, que ce soit celui d’une personne, d’une rencontre, des 10, 20, 25, 30 ans d’une œuvre ou d’un événement. Autant d’occasions de se remémorer des moments, des périodes, des instants de quelque nature que ce soit. Mais aussi de ramener tout ça à soi, se l’approprier et se regarder en conséquence avec autant de questionnement que la confiance de l’expérience peut octroyer.

On grandit, on vieillit et ce fait n’a pas fini de nous mettre des claques, de nous faire prendre de l’âge. Aprés le « Ca y est, le quart de siècle ! » généralement ponctué d’un rire un peu gras et entendu, il est désormais temps du « Bientôt la trentaine ! » accompagné d’une tape sur l’épaule un peu moins complice.

C’est au détour de l’ensemble de ces constats qu’on réalise que la bouteille que l’on a prise a désormais un certain âge, un millésime qui nous est propre. Qu’avant de faire parti d’un quelconque moule ou classe, on fais parti d’une génération.
D’une période démographique durant laquelle on a vu le jour jusqu’à aujourd’hui, c’est une myriade de passions et de rencontres qui nous ont animées et menées ici. Certaines ont durées, d’autres se sont distancées, si elles ne se sont pas perdues.

Si il y a bien une réussite d’internet, c’est sa capacité à rassembler les gens autour de causes, de personnalités, d’échanges, d’idées.
Et nombres de ces petits enfants des années 90, cloîtrés dans leur chambre, manette, ou joystick, en main à découvrir les joies et plaisirs du divertissement cathodique peuvent désormais partager, profiter, retrouver de leurs passions virtuelles grâce à ce média.
Mais aussi et surtout grâce à ces personnes ayant su s’y faire un nom, et désormais fédératrices bien malgré elles d’un public de tout âge de par leur connaissance approfondie d’un domaine particulier.

C’est le cas de Benzaie, aka Benjamin Daniel.
Un vidéaste français qui, en même temps que ses études d’anglais, s’est lancé dans la vidéo il y a un peu moins d’une dizaine d’années.
Travaillant d’abord en partenariat avec le site américain thatguywiththeglasses.com (aujourd’hui channelawesome.com) avec Doug Walker (Nosalgie Critic : https://www.youtube.com/user/achannelthatsawesome), Sad Panda (https://www.youtube.com/user/lesadpanda), Harry Partridge (https://www.youtube.com/user/HarryPartridge) et moultes autres talents reconnus.

Il revient, quelques années plus tard, vers le web Français avec quelques articles et traductions pour la presse jeu vidéo.
En 2011, Youtube prenant enfin son envol en France et les six années d’existence de la chaîne de télévision Nolife vont titiller la créativité de Benzaie et le pousser à réinventer un de ces concepts : Le Hard Corner.

 https://www.youtube.com/watch?v=PGGfS4NvLDg&list=PLCAE4DA137AA23A2A

Émission dans laquelle un vendeur dans un magasin de jeu vidéo dévoile à ses clients toutes sortes de produits, consoles, éditions Collector, avec en toile de fond le développement de l’intimité profonde du personnage à grand renfort de vannes bien mûres.
Cette émission donnera même lieu à un film autoproduit, financé par les bénéfices générés de la vente de T Shirts : Hard Corner le film !

Sans oublier son court métrage, Computer and Spaceman :
https://www.youtube.com/watch?v=yVEE1cwSb_M

On a donc affaire à quelqu’un qui a assisté à l’essor d’internet, et plus qu’y avoir simplement participé, il a contribué à transmettre beaucoup d’une culture avec laquelle il a grandi et évolué.
Notamment à travers son Hard Corner, mais aussi grâce à ses streams noctunes durant lesquels il montre des jeux rétro, des jeux indépendants, des grosses sorties, … à plus de milles personnes chaque soir.

Et hier soir, il a sorti une vidéo d’une paire de minutes qui a motivée cet article.
Une vidéo qui n’a pas besoin de plus pour être d’une beauté rare, d’une véracité et réalisme palpable.  Elle évoque quelque chose d’extrêmement personnel quant à son quotidien, mais se fait aussi le reflet d’une vie connue de beaucoup de trentenaires – en devenir ou accompli – , de cette Génération Pokemon.

En espérant qu’elle vous plaira et parlera, merci et bravo à toi !

S’ajoute aprés coup à cet article une interview particulièrement naturelle du concerné en pleine convention. Réalisée par la chaîne « JaimePaslActu », elle aborde notamment la question de ce que peut représenter le fait d’être une figure publique du web et la place de Benzaie par rapport à cela. A vos clics !

Star Wars The Force Awakens

Tout fan consciencieux de Star Wars a vécu le rachat de la licence par Disney, la fin de l’Univers Étendu et l’annonce d’une nouvelle trilogie avec des sentiments contradictoires et une anticipation craintive, mais il y a bien une chose que l’on avait tous envie de vivre : c’est de revoir ce titre emblématique apparaître sur un écran de cinéma au son des notes éternelles de John Williams et se laisser porter par de nouvelles aventures dans notre galaxie.

Soyons tout de suite clair, ce film a été fait pour plaire au plus grand nombre et battre les records qu’on lui connaît aujourd’hui.

Fan de la première heure, aficionado, nouveau spectateur, amateur de grand spectacle, enfant de tout âge, le cahier des charges est rempli en terme d’action et d’effets visuels, de messages pertinents transmis, d’éléments d’intrigue pour une suite. Ce qui aurait été largement suffisant si on parlait d’un blockbuster ‘stand alone’ pour une toute autre licence ou le départ d’une nouvelle.

En l’occurrence, on parle d’un Star Wars.

Bien que la réalisation d’Abrams, la musique de Williams soient proches de l’irréprochable, on est très loin d’avoir un travail de qualité en terme d’originalité de scénario et de narration, de développement de personnage, de cohérence et profondeur.

Il y a bien sûr des bémols à apporter à cette dernière remarque. Le traitement des nouveaux personnages principaux est suffisamment travaillé pour les rendre viables et attachants. Les acteurs tiennent leurs rôles avec brio, Finn (John Boyega) incarne à merveille le relâchement de tension et l’instinct de préservation, Rey (Daisy Ridley) s’impose comme l’héroïne forte et indépendante et Kylo Ren (Adam Driver) symbolise l’instabilité d’un enfant perdu et capricieux. En terme d’introduction à une nouvelle trilogie, ces éléments s’avèrent rafraîchissants pour le grand public, surtout quand suppléés par un symbolisme visuel évocateur.

Aborder la capacité au libre arbitre des Stormtroopers, la place faîte à une identité féminine réaliste ainsi que la lutte intrinsèque pour résister à la lumière sont autant de messages bien conçus et bien transmis. Et bien que Lucasfilm ait annoncé depuis longtemps certaines de ses intentions d’écriture, c’est relativement agréable de la part d’un film désormais estampillé Disney de proposer un axe de sensibilisation novateur par rapport à bon nombre de leurs productions.

Et puisqu’on en parle, le rôle de Disney ne s’arrête pas là.

Là où Georges Lucas avait cette capacité à nous offrir une réalisation bancale accompagnée d’une intrigue politique de fond particulièrement tangible et cohérente, ce film manque terriblement de sa présence narrative. Il avait bien proposé ses idées pour cette nouvelle trilogie, mais il a rapidement été remercié…

Dés la première scène, certains personnages et relations sont montrés sans être explicités, présentés et ce défaut perdure tout au long du film. Il manque cruellement de contexte.
Le personnage de Poe Dameron (Oscar Isaac) est parmi les premiers que l’on voit à l’écran et ne sert au final que de bouche trou introductif, à amuser la galerie de son pilotage et ne sera sûrement plus développé que dans le prochain. Il en va de même pour le Captain Phasma (Gwendoline Christie) qui du haut de son charisme et de son titre d’« Actrice de Game Of Thrones » est inexistante tout au long du film.

Pour un personnage comme le Leader Suprême Snoke (Andy Serkis), ça s’inscrit dans une certaine logique de ne pas nous présenter sa biographie tout de suite, mais il y a clairement un vide créatif quelque part…

Le texte déroulant introduisant ordinairement le contexte des héros et de la galaxie ne s’attarde que sur la quête pour retrouver Luke Skywalker (Mark Hamill) en posant les bases d’un conflit, étrangement familier, impliquant la République, la Résistance et le Premier Ordre. Rien que là, beaucoup ont vu pleins de questions surgir dans leur esprit quant à l’existence d’une Résistance et d’une République en même temps…

Cette absence énorme pour un film de cet acabit est dû au fait que Disney, dans sa grande stratégie marketing, souhaite inciter le spectateur et son portefeuille à se procurer les différents médias de « l’univers officiel » afin de compléter l’intrigue du film. Sans commentaire.
En plus de ce manque de contexte cohérent, il y a une volonté clairement assumée de coller à grands renforts de clins d’œil (trop nombreux pour être énumérés) à la trilogie originelle et de faire oublier la prélogie. Ce qui a pour conséquence directe de créer une sensation de répétition, source de lourdeur, en plus de recourir à des clichés et ressorts scénaristiques déjà vu partout ailleurs.
Sans oublier une volonté de susciter de l’émotion forte à travers certaines scènes qui s’avèrent complètement bancales, pour ne pas dire ratées. Finalement, le personnage du droïde BB-8 est un vecteur bien plus démonstatif d’émotions que beaucoup d’autre scènes du film.

Comme l’ont qualifié le Fossoyeur de Films et Axolot, beaucoup de ces clins d’œil sont tellement appuyés qu’ils font office de lieux, de personnages de service, remplissant un rôle préconçu plutôt qu’inédit. Et certains autres, ajoutés par le réalisateur arrive comme un cheveu sur la soupe sans qu’ils apportent quoique ce soit au film ou à son déroulement.
La présence des anciens acteurs et du Faucon Millenium est forcément agréable, mais sont au final les seuls à nous apporter une quelconque explication quant aux trente années qui se sont écoulés dans la galaxie. Y a rien de mal à faire du neuf avec du vieux, mais encore faut il le faire intelligemment…

En conclusion, on a un film bancal qui peine à trouver son identité et qui, bien qu’il soit agréable à regarder, déçoit tant il travaille d’arrache-pied à être quelque chose qu’il n’est pas. Autant les efforts de réalisation visuelle, de rythme et d’ambiance avec le recours à des effets pratiques sont louables, autant l’histoire ne présente que peu d’ambitions – étant cousue de fil blanc – et aucune originalité tant elle veut reprendre ce qui a déjà été fait.
On s’en souviendra comme d’un moment où notre âme d’enfant a vibrée au premier visionnage avant de revenir lors du suivant à la dure réalité des blockbusters actuels où la sensation prévaut sur la substance et à une trop grande tendance à emprunter au format de la série télévisée.
L’univers Star Wars est là, le rêve aussi mais manque à l’appel la touche de son créateur et la profondeur de son univers. Beaucoup s’accordent déjà à dire que le premier opus de la prélogie a plus de légitimité que The Force Awakens tant ses auteurs sont passés à coté de ce qu’il aurait pu (dü?) accomplir : Apporter une réelle nouveauté.

Critique qui aurait pu être littéralement dix fois plus longue.

Des Chrétiens et des Maures.

« Don’t judge a book by it’s cover. »

C’est la réfléxion que je me suis faite en refermant ce livre, recevant par la même une douce claque quant à l’ampleur globale du sens de cette citation, mais également par rapport au propos référéncé et déroulement étonnant du récit, faisant de cette lecture une expérience plutôt incroyable.

Ecrit par Daniel Pennac, ce livre fait partie de la saga Malaussène, comptant sept livres dont la publication s’étend de 1985 à 1999. Il est également l’auteur de romans, livres jeunesse, pièce de théâtre, a participé aux « Nouvelles Aventures de Lucky Lucke » ainsi qu’au film « Erneste et Célestine » et a vu plusieurs de ses oeuvres adaptées sur les planches mais aussi au grand et petit écran en y prenant part ou non. Enfin, il a crée trois albums pour enfants dont deux sont insiprés de tableaux de Miro (« La tour du Ciel ») et Monet (« Qu’est-ce que tu attends, Marie ? »).

Un auteur que j’ai donc découvert plutôt prolifique et touche à tout, qui offre ici une récit partant d’un constat très simple :

Un matin le Petit a décrété :
– Je veux mon papa.

Le Petit est l’avant dernier né de la famille Malaussène comptant pas moins de huit enfants de pères diffèrents à ce moment là. Il va de soi qu’en lisant le cinquième livre de la saga en premier, il n’est pas forcément évident de s’y retrouver au premier abord dans une telle abondance de personnages déjà établis, mais l’auteur fait en sorte à travers le développement de l’histoire de replacer le contexte de cette famille, avec les naissances, les histoires, les perosnnalités, …

Le point de vue qui nous révèle le dilmne du Petit est celui de Benjamin, fils ainé et figure paternelle. Il prends forcément à coeur la réflexion du Petit, particulièrement quand celui ci arrête complètement de se nourrir suite à cette déclaration. Au bout d’un jour et de multiples propositions de plats de toute sorte, la formulation du Petit change en :

– Je préférerais mon papa.

Bien que l’avant propos et le titre du premier chapitre y faisait déjà référence, ma réaction à ses mots fut la même que Benjamin. Ce conditionnel me fit fortement et forcément penser à Bartleby.
Bartleby est un personnage d’une nouvelle éponyme (« Bartleby, the Scrivener – A Story of Wall Street » – 1953) écrite par Herman Melville, auteur Américain (1819 – 1891) principalement connu à titre posthume pour « Moby Dick ».
Le propos de cette nouvelle est la confrontation d’un homme de loi de Wall Street à son employé engagé comme scribe. D’abord exemplaire, et bien qu’un brin introverti, il finit par refuser d’accomplir les tâches demandées d’un « I would prefer not to/Je préférerai n’en rien faire » posant en conséquence un réel dilemne d’un complexité rare.
Ayant découvert cette nouvelle lors de mes études d’Anglais, je l’ai trouvé particulièrement marquante de par l’atmosphère pesante qui s’y installe au fur et à mesure que la situation s’envenime au point de cotoyer le malsain. Qui plus est, la formulation choisie par Bartleby et sa récurrence rendent son employeur complètement démuni, puisque constituant plus un constat qu’un refus, au point qu’il ne lui demandera plus rien. Il y a une force indéniable dérrière ce conditionnel, une forme d’affirmation identitaire mais également d’abandon de soi dans le contexte de ses deux récits.

Fort de ce lien, Benjamin solicite l’aide d’un collégue de travail, Loussa, afin d’élucider ce traumatisme métaphorique, éventuellement retrouver le père, résoudre ce dilemne. C’est ainsi que commence l’intrigue du roman en décrivant et développant ce que je pense être un « nouveau » tournant dans la vie de la famille Malaussène.

Je me suis laissé porté tout au long de l’histoire qui s’est avéré passionante et surprenante. Autant dans le relationnel entre les frères et soeurs, leur originalité individuelle qui se traduit par des points de vue pertinents et reconnaissables, l’implication des habitants du quartier de Belleville, le point de vue de Benjamin qui s’avère très intéressant en complètement des interventions rapportés, les imbrications globales qui rajoutent à la tension tout en permettant de démontrer l’ingéniosité des personnages quant aux enjeux dramatiques. Le style est simple, proche de notre époque en étant suffisamment fantaisiste et imagé pour laisser rêveur et rendre l’oeuvre réaliste et poétique à la fois. Il y a du rythme, des rebondissements, des jeux mettant à mal les attentes du lecteur.

Ces quatre vingt dix pages sont un plaisir à lire, un petit bijou très simple et pourtant fascinant. C’est en refermant la dernière page que je regardai à nouveau la couverture qui m’avait jusqu’alors paru complexe et anecdotique, et tout à coup, je fus frappé dans l’ampleur de son sens et de ce qu’elle révèlait. Merci à la personne singulière me l’ayant prété, pour ces deux heures et quelques d’évasion pas si lointaine.

Shake This Out.

Diffusé sur France 4 hier soir, le 13 Avril 2015, ce documentaire nous fait découvrir les origines, variantes, implications, symbolismes de ce que nous français connaissons et pratiquons sous le terme de « Tcheck ». Cette façon de se saluer en faisant claquer la paume de sa main contre une autre et d’enchaîner avec un poing contre point. C’est du moins comme ça que nous la faisions jusqu’à il y a quelques années, car comme c’est si justement dit au cours du documentaire, les choses évoluent dans un monde ou tout est vu et il est essentiel de savoir renouveler ses gestes pour garder son originalité mais par dessus tout son identité.

Prenant place aux Etats Unis, ce documentaire rassemble des témoignages de tous bords. Du membre de gang emprisonné à l’ancien maire de Washington DC, en passant par des acteurs, des défenseurs de l’ordre et de la patrie, des musiciens, des activistes, des rappeurs, des jeunes, des plus âgés, des historiens, des producteurs de fiction, … Tous dissertent pendant pas loin d’une heure de ce qu’est ce geste et ses raisons d’exister, d’évoluer.

Il se veut l’emblême de la liberté d’expression d’une population autrefois opprimée ou établie dans un pays qui n’est pas le sien à l’origine. L’esclavage des Africains puis Afros Américains et leur poing levé lors de la lutte pour leurs droits, les Bréisiliens et la capoeira, le verlan pour les immigrés en France aprés la Seconde Guerre Mondiale, …
Aujourd’hui, il est utilisé de manière universelle comme manière de se saluer, de s’identifier  comme appartenant à une communauté, partager un lien et le montrer autant que le respect qui s’en dégage. Etant doté d’autant de variations qu’il y a de groupes au coeur des Etats Unis et dans le monde entier, il perdure sans perdre de son sens et de sa valeur ajoutée.

Considéré sectariste ou même apparenté à du terrorisme par certains partis politiques, il est bien loin de s’embarasser de telles considérations. Le but même de son existence est de transmettre l’un des messages les plus porteur et rassembleur, le simple fait d’avoir une famille et d’en faire partie, un cadre proche avec lequel partager quelque chose d’unique. Et parce qu’il y a autant de différences dans l’indivdualité de tout un chacun, il est important de savoir et pouvoir préserver ce en quoi on croit et auquel on s’identifie.

D’ou cet impact fort, abordé d’emblée dans le documentaire, du « fist bump » de Michelle et Barack Obama lors de sa première victoire aux présidentielles Américaines qui, bien qu’homme politique et par conséquent éventuel manipulateur d’images à vocation médiatique, a dû permettre à une grande majorité de la population Afro Américaine de se sentir symboliquement représentée et désormais incluse dans les hautes sphères du pouvoir comme jamais auparavant. C’est là l’ampleur que peut avoir un simple geste de la main à l’échelle d’une nation mais également à l’écehelle d’une vie, d’un quotidien. Et c’est toute la force de ce documentaire, parvenir à transmettre cela à travers ses témoignages et les sourires de ceux qui font démonstration de leur « handshakes » à eux.

Ne serais ce que pour comprendre cette importance et tout ce qui lui est liée, ce documentaire vaut le coup d’être vu. De très belles choses y sont dites et montrées notamment à travers l’ampleur des points de vues abordés. Qui plus est, la teneur positive des messages en terme d’amour, de respect et de paix en fait un exemple de ce que peux être la marche à svuire pour vivre pleinement et simplement parmi les siens.

A vos clics, le documentaire n’est disponible sur ce lien que pour 6 jours encore !

Shake This Out

Polémique autour d’un reportage sur la Photographie, France 2, 20 H, 2 Mars 2015.

Le filon juteux de la photographie amateur

L’avancée technologique dans le monde de la téléphonie portable a créée une gadgetisation de ces objets à travers le développement de millions d’applications aux vocations purement futiles et d’autres se démarquants par leur ingéniosité indispensable. Elle a également amenée une accessibilité à la photographie pour tous et il était évident que des créateurs d’applications comme Instagram et autres en profiteraient pour exister et propérer au point d’en devenir lucratives.
D’un coté, ça permet à des gens sans moyens ou initiations de faire des photos pour s’amuser, créer du souvenir. Mais d’un autre, ça peut décrédibiliser, en théorie, le travail de ceux qui ont achetés du matériel et qui se cassent la tête et le corps à le pratiquer. Ca va avec l’air du temps. Ces deux pratiques de la photographie sont diffèrentes dans l’approche, le matériel et la complexité mais également légitimes dans le sens ou tant que la personne s’acharne à s’impliquer dans la création, à y donner de la réflexion et du sens, c’est bon à prendre et c’est au public à se faire son opinion.
Dans un second temps, quand on sait que la vitesse du discours à la télévision est de 200 mots/minute, il va de soi que dans un reportage tel que celui ci, le contenu des informations et du propos doit être aussi concis que séduisant, d’ou ce ton et ces formules un peu légères notamment dans le titre et selon les professionnels de la photographie étant immédiatement montés au créneau pour défendre leur travail.

Photographes professionnels : comment surmonter la crise ?

D’une part, on entend beaucoup de professionels dire que le métier de photographe se porte mal, qu’il existe des « fauxtographes amateurs » qui décribilisent justement la pratique en proposant des travaux de moins bonne qualité tout en cassant les prix. Et d’un autre, comme cet article de la photographe Nath-Sakura, la pratique ne s’en sort pas si mal et évolue simplement comme elle se doit de le faire avec toutes les nouveautés sortants autant au niveau commercial que virtuel.

Il semble important aujourd’hui de rappeler à ces chers professionnels que leur réaction à ce reportage les place plus en porte à faux quant au réel problème. C’est comme si on les entendais crier « On nous vole notre travail ! » (South Park). En l’occurrence, l’ayant expérimentée, la pratique de la photographie a certes un coût matériel, financier comme humain dans l’implication qu’elle peut demander. Et il est indispensable pour qui veut continuer et éventuellement se faire remarquer de s’y adapter soi même et dans les tarifs qu’il propose. Pas dans l’intention de nuire ou de s’approprier un marché mais simplement par honnêteté par rapport au client pour ce que l’on sait être en capacité de fournir comme qualité et rendu. Et même malgré ça, il n’est pas nécessairement évident de parvenir à faire sa place car l’exigence du public quant à une certaine perfection est bien présente et remarquable dans le succés de certains et les difficultés rencontrées par d’autres.

Le fait est que l’accessibilité de la photographie à un plus grand nombre permet de créer des vocations, des idées qui peuvent aller à l’encontre des professionnels pratiquant dans la théorie, mais force est de constater notamment à travers ce reportage qu’elles ont une valeur aux yeux du public. Et bien qu’il soit éventuellement préjudiciable de voir des entreprises offrir des voyages à ceux qu’ils sponsorisent, il est plutôt agréable de voir de la création être mise en avant sans forcément le constant recours à l’argent. Cette notion du « donnant-donnant », d’un échange de bons procédés offre la possibilité à des personnes de se faire connaitre, voir et de se sentir bien dans leur peau et pratique, de les encourager à continuer sans ce systématique besoin de se vendre.

A l’heure actuelle, la pratique de la photographie au sens large est en train d’évoluer très rapidement. L’argentique balbutiant encore, le numérique en plein essor de ses compacts au mode automatique, la téléphonie avec les selfies et les applis, les logiciels de retouche, et il semble logique que les professionnels de longue date ne s’y retrouvent pas et que la profession s’en retrouve quelque peu engorgée sur elle même. Cependant, l’être humain n’a jamais été aussi libre, créatif et expressif qu’à notre époque grâce à la multiplication de ces outils et autant qu’il puisse être déplorable que certaines choses se perdent avec les changements actuels, l’essentiel est là et il est évident que comme avec tout, la pratique et ses pratiquants s’y adapteront pour continuer à exister comme chacun l’entends.

En attendant, vous êtes coordialement conviés à venir faire un tour ici : https://www.flickr.com/photos/afortographie/

« Rue Curiol ». Documentaire de Julian Ballester.

Depuis plusieurs années, la place du genre dans notre société a autant éveillée les consciences qu’attisée les polémiques, notamment à travers le vote de la loi sur le Mariage pour Tous. Des réseaux sociaux jusque dans la rue, elle a mobilisée ses défenseurs comme détracteurs et participa à révéler certains penchants de pensées que l’on constate encore aujourd’hui. Tout ça ne tient qu’à la liberté. Autant d’être, de faire et de dire ce que l’on veut quitte à ce que ça déplaise. L’essentiel étant de garder cela en tête quoiqu’il arrive, car aussi outrageant qu’aient pu être certaines remarques et attitudes autour de cette loi, elles ont le droit d’être dites et existe aussi la liberté de ne pas les écouter et de s’en tenir à soi et ses convictions.
Toujours est il que depuis aussi longtemps que l’homme a existé, la différence a été cause de crainte, de jugement, d’excès. Elle est souvent causée par une incompréhension de ce qui est inconnu, car aussi ouvert d’esprit qu’on puisse être, notre expérience prévaut sur le reste, en théorie. Par conséquent, le fait de voir des dirigeants d’un pays tolérer, accepter, rendre légale une pratique que certains jugent contre nature allait évidemment mettre le feu aux poudres. Et cela va de soi, les différences existant pour nous rappeler qu’il y a plus dans ce monde que soi et son propre vécu, que sa propre histoire ou celle que l’on s’approprie. Tout comme il est important de savoir s’écouter et débattre pour mieux se comprendre et s’entendre.

Il y a de cela quelques jours, je découvrais sur les réseaux sociaux un article du 22 Février 2015 stipulant que depuis le 1er Janvier 2015, une personne transsexuelle était tuée toute les 29 heures, soit presque une par jour sur 53 jours, équivalant à quasiment autant de victimes dans le monde entier. Preuve qu’une fois de plus que la différence choque et dérange, qu’elle touche certaines personnes à un tel point d’incompréhension qu’il leur semble naturel, justifié de tuer pour mettre un terme à ce qu’ils considèrent comme hors de la norme. Ces actes de barbarie font passer ces meurtriers pour des êtres issus du droit divin, capable de décider de qui mérite de vivre ou de mourir selon leurs propres critères. Et ce faisant, ils font passer leurs victimes pour des aberrations de l’humanité indignes de respirer et vivre comme eux, participant ainsi à stigmatiser un peu plus une communauté qui ne vit pas pour choquer ou créer la discorde, mais simplement vivre. Tout ça pour une simple divergence d’opinion, de choix de vie et une absence totale de dialogue.
C’est là, entre autres démonstrations, que la bêtise humaine atteint son paroxysme.

Et c’est là que ce documentaire est venu apaiser mon courroux face à tant d’injustice stupide.
Prenant place à Marseille, un étudiant en Master de « métiers du film documentaire » du nom de Julian Ballester a décidé d’attarder le regard de sa caméra sur une rue en particulier. Cette rue, comme lui, je la prends quasi quotidiennement pour me rendre dans le centre ville, et sans forcément avoir croisé les protagonistes en présence, j’ai croisé certainement de leurs amies et collègues.
Ce documentaire montre le témoignage de trois femmes Polynésiennes transgenres que la vie a menée en France et dans cette rue parallèle à la Cannebière où elles se prostituent pour gagner leur vie depuis une quinzaine d’années. Une rue ancienne chargée d’histoire dans une cité en constant changement et évolution.
Tourria, Dominque et Joséphine, du haut de leur cinquante ans de vie, raconte chacune leur parcours respectif. Leur vie en Polynésie, ce qui les a menées à s’installer en France, les difficultés d’acceptation de leurs apparences et le choix de la prostitution comme gagne pain.
Autant dans la façon dont il est filmé que dans la teneur et profondeur des propos recueillis, je n’ai pu m’empêcher de penser à un autre documentaire m’ayant extrêmement touché pour la voix qu’ils donnent à des femmes vivants simplement dans les conditions difficiles de pays défavorisés et dont la force de caractère face à l’adversité est un exemple inébranlable de courage et de ténacité. Women Are Heroes de JR tire littéralement le portrait de femmes du monde entier qui ont choisies de continuer à vivre et se battre pour elles et les leurs malgré l’absence totale de choix qu’on a pu leur laisser.
Ici, le terme et la notion de choix ont une importance capitale. Ces femmes ayant fait le choix de le devenir, elles se virent confrontées à la dure réalité de devoir se cacher pour exister dans le pays des droits de l’homme. Et lorsque l’on porte une différence, qu’elle soit choisie ou non, on n’a qu’un souhait : Celui de pouvoir la vivre comme on l’entend et de pouvoir vivre malgré elle au milieu de tous et comme les autres. Ayant fait le choix de faire ce qu’elles avaient souhaitées de leur corps, se tourner vers la prostitution ne fut pas nécessairement évident et facile au début, mais ce fut un choix malgré tout et non une contrainte. Et il est incroyablement touchant et impressionnant de voir ces trois femmes aussi à l’aise et épanouie dans leur vie et activité malgré tout ce qui peut être dit et fait à l’encontre de leurs confrères et consoeurs. Quand quelque chose est choisi, peu importe les apparences et les difficultés tant qu’il y a de quoi sourire et c’est vraisemblablement le cas de ces magnifiques femmes.

Ce documentaire est à voir pour la simple réalité qu’il peint sur notre société, sur la place de trois individus dont la différence fait la force, pour la justesse du regard et le discernement des propos recueillis, ou simplement pour la leçon d’humilité qu’il transmet. On a le droit de ne pas être d’accord avec ce qui est dit ici, ou avec ce qui est montré dans le film, mais force est de reconnaitre que ces témoignages ont le mérite d’exister, alors autant s’y attarder. Le documentaire n’est visible que jusqu’au 13 Mars, ne perdez donc pas de temps !

Source : http://www.streetpress.com/sujet/1424168620-docu-prostituees-trans-rue-curiol-marseille#

Crossbones Vs Blacksails.

« Two birds with one stone. »

Ces deux séries sur la piraterie ont fait leur apparition sur les écrans Américains à quelques mois d’intervalles au cours de l’année 2014. Une critique en comparaison semble donc de mise pour en comprendre notamment tous les tenants et aboutissants.

La première citée ici, créée par Neil Cross pour la NBC, chaîne publique, fut diffusée en Mai 2014 jusqu’en Aout 2014, pour dix épisodes. La seconde par Jon Steinberg et Robert Levine sur la chaîne payante Starz, diffusée à partir de Janvier 2014 jusqu’à aujourd’hui. La distinction faite entre ces deux chaînes a une pertinence quant à la continuité d’une série. En effet, bien qu’une chaîne publique aie les moyens de recourir à des subventions auprés d’un tiers, une chaîne payante posséde en soi plus de moyens et de soutiens pour subvenir à ses besoins de productions, fait qui semble avoir une relative importance dans les cas traités aujourd’hui.

Crossbones est basée sur le roman « The Republic of Pirates«  par Colin Woodard dont l’intrigue traite de la République des Corsaires (1706 – 1718). Une institution auto proclamée constituée d’anciens marchands, marins, corsaires en sécession de l’empire Birtannique, de l’abscence d’information et de soutien résultant de la fin des conflits rageant à cette époque avec l’Espagne et la France et des conditions de vie en mer comme dans les plantations. Devenus pirates, ils établirent dans le port de Nassau sur l’île de New Providence (Bahamas, Caraïbes) une république qui, sans être un état à proprement parlé, était tout de même soumis à un Code de Conduite, et dans laquelle le système de vote était utilisé pour élire et choisir son corps dirigeant. Faisant partie d’une des montée de l’âge d’or de la piraterie, elle fut cause de nombreuses vocations dans l’ancien comme le nouveau continent et le berceau de grands noms de la piraterie.

Parmi ceux ci, Edward « Black Beard » Teach qui est ici incarné par John Malkovich en tant que leader de cette principauté. Bien qu’historiquement indéterminé comme tel, Barbe Noire a été un pirate connu et craint durant ses quelques années de capitaine, il a eu une influence notable dans la région notamment à travers le blocus du port Charleston en Caroline du Sud. Il semble donc de prime abord pertinent et intéressant de placer cet homme à l’intelect qualifié de remarquable en tant que meneur de cette insitution et plus particulièrement sous la houlette d’un acteur ayant déjà fait ses preuves.

L’intrigue de la série se développe au départ sur un objet, le chronomètre marin qui permet de mesurer la longitude par rapport à la navigation céleste (l’utlisation de mesures d’angles entre diffèrents corps célestes et l’horizon visible.) et son créateur fictif Frederick Nightingale (Henry Hereford). Dans le même temps, un espion du nom de Tom Lowe (Richard Coyle) se faisant passer pour un chirurgien est chargé d’abattre le Commodore de Santa Campana, supposé être Barbe Noire. Tout deux à bord d’un navire attaqué par des pirates, ils se retrouvent rapidement au mains d’Edward.
Il est important de préciser que l’homme ainsi mis en scène est décédé en 1718, tandis qu’au cours de la série, le personnage est encore en vie en 1729. Ce choix scénaristique permet une opportunité de création, une liberté de faire vivre cette légende qui a passionnée bien des historiens et des lecteurs. Cependant, aussi inventif qu’ait pu être ce choix quant aux manipulations ingénieuses dont le personnage s’avère capable, il s’égare rapidement, et la série avec lui, dans des intrigues amoureuses bien trop ressassées pour être crédible, une folie causée par une maladie cérébrale rendant la présence du chirurgien/espion soudainement indispensable, des intrigues politiques et des choix personnels et moraux plus ou moins prévisible.
Tout au long de ces épisodes cousus d’un certain fil blanc, la surprise et l’intérêt s’efface doucement pour laisser place à une certaine déception quant à voir un personnage et acteur d’une telle stature tomber en désuétude. Le jeu n’est pas en cause ici, mais plutôt la direction d’acteur et les situations choisies. Loin d’être mal faite, bIen qu’à la hauteur des moyens investis en terme visuels et de décor, l’ensemble est au final assez terne, manquant du réalisme maritime de l’époque; le spectateur passant plus de temps à voir l’intrigue être ralentie par des discussions prémâchées qu’à être développée concrétement. Son annulation avant même la fin de la diffusion de la série n’est donc pas sureprenant mais tout de même regrettable quant au potentiel qu’elle pouvait avoir et développer par la suite avec éventuellement un autre héros.

L’un des aspects marquant d’une série, ce qui peut en faire sa marque et sa publicité, c’est son générique. Nombreuses sont celles qui se démarquent par la qualité autant visuelle que musicale de ce dernier (True Blood, Vikings, Six Feet Under, Rome, …). Black Sails fait partie de celles ci, Des images de maquettes, statues montrant des batailles, des navires, des visages, des corps accompagnés d’une musique entrâinante posent d’emblée les moyens et la qualité souhaitée pour ce programme.
On y suit le Capitaine Flint (Toby Stephens), personnage fictif crée par Robert Louis Stevenson dans son livre « l’Ïle au Trésor » (1881). Les évenements de la série sont supposés se passer 20 ans aprés ceux du livre, plaçant donc Flint dans un aspect éventuellement inexploré de l’histoire de Stevenson.
A travers l’influence grandissante en 1715 de New Providence et Nassau sur les activités marchandes britanniques, les membres connus de cette organisation sont qualifiés d’ ‘hostis humani generis » (ennemi du genre humain), les poussant ainsi eux mêmes à se déclarer en guerre comme le monde entier.
Le capitaine Flint est à la tête d’un équipage chargé de faire prospérer et défendre Nassau des diffèrentes entités légales voulant mettre un terme à son existence. A l’intelligence et discernement stratégique aiguisés, il s’impose très vite comme un personnage charismatique mais également profond à travers le développement de son histoire personnelle. Sans connaissance du passé du personnage de Stevenson, celui ci était anciennement un membre de la marine britannique, qu’il a fui lorsqu’incriminé pour certains de ces choix. L’un de ses buts, qui le servirait autant lui que Nassau que l’intrigue de Stevenson, est sa quête pour un trésor de la marine Espagnole : Urca de Lima.
D’autres personnalité fortes se manifestent tout au long de la première saison, Eleanor Guthrie (Hannah New) inventée pour l’occasion, Charles Vane (Zach McGovan),  Jack Rackham (Toby Schmitz), Anne Bonny (Clara Paget) tous des personnages ayant réellement existés qui ont vu leurs histoires forcément adaptées pour l’occasion. Chacun avec ses qualités comme défauts, ils participent à donner une profondeur et une teneur au développement de l’histoire et à la cohérence du scnéario. Et bien qu’adaptés, ils contribuent à renforcer l’aspect fortement réaliste de la série déjà bien mis en valeur par la qualité des costumes, des décors, des situations.
La nudité à la télévision américaine a toujours été source de débat, particulièrement depuis Game Of Thrones. Certaines chaînes peuvent se le permettre, d’autres non ou ne préférent pas. Cependant, étant un fervant admirateur du réalisme de la vie portée à l’écran, elle participe à rendre un programme plus palpable, auquel on peut s’identifier à travers notre propre expérience, sans pour autant être indispensable non plus, devenant rapidement un recours facile pour le plaisir des yeux. C’est simplement une plus value pour ce programme qui s’attache autant à montrer la réalité envisagée d’une époque et d’une population que l’on n’a pu connaitre mais qu’on perçoit plus ou moins de la même façon. D’autant plus qu’au fur et à mesure de son avancée, il ne montre pas simplement des corps dénudés, il fait étal d’une certaine humanité que ce soit par rapport aux abus perpétrés à l’encontre des femmes et à leur combat pour une place dans la société sans oublier l’importance des sentiments dans la vie.
La première saison nous avait laissés dans l’expectative quant à Flint et aux autres membres de son équipage, isolés sur une île, coincés entre la mer et un opposant de taille tandis que le pouvoir chancelle à Nassau. L’arrivée de la saison suivante en Janvier 2015 a tenue toutes les promesses posées en elle, et bien au delà même. Cette série fait excellement bien la part belle aux hommes et femmes de cette époque, tout en nous permettant d’entrevoir les enjeux économiques et géopolitiques de l’époque. Sans être un chef d’oeuvre, c’est un divertissement passionnant teinté d’humour gras comme subtil, de twists savoureux, de charisme et de qualité.